Raton-Liseur - Défi de lecture « Je lis des nouvelles et des novellas » (2012-2013)

DiskuteraLectures des francophones

Bara medlemmar i LibraryThing kan skriva.

Raton-Liseur - Défi de lecture « Je lis des nouvelles et des novellas » (2012-2013)

Denna diskussion är för närvarande "vilande"—det sista inlägget är mer än 90 dagar gammalt. Du kan återstarta det genom att svara på inlägget.

1raton-liseur
dec 19, 2012, 2:59 pm

Alors que le premier défi de lecture que je me suis lancé avance au pas de la flânerie (défi de lecture « Récits de voyages »), voilà que je viens de m’inscrire à un nouveau défi de lecture, lancé par un papillon dans la lune et intitulé « Je lis des nouvelles et des novellas ».
Ce défi me tente bien, d’une part parce que depuis quelques années j’ai appris à apprécier ce genre, et d’autre part parce que je pense avoir moins de temps á consacrer à la lecture dans les mois qui viennent, et que le format de la nouvelle pourrait mieux se prêter á mon rythme de lecture.
Raisonnable, je m’inscris donc dans la catégorie « Joyeuse Lectrice », ce que je suis, pour les nouvelles comme pour le reste ! Et pour me donner de l’allant, je vais me permettre de tricher un peu et d’inclure des notes de lecture que j’ai rédigées hier, alors que ma lecture date du mois de novembre.



Voici les consignes du défi telles que données par Papillon dans la Lune :
« Principe : concerne la nouvelle, sous forme de recueil ou seule (comme pour les nouvelles numériques, ou celles qu'on trouve dans les revues du type Bifrost, Galaxies...) et la novella (Après tout, ces mini-romans, maxi-nouvelles ont leur place).

Durée : Début du challenge le 12.12.12 parce que c'est une date qui me fait kiffer, et qu'elle me permet de le faire se terminer le 11.12.13, ce qui me fait surkiffer. Donc il durera un an pour les forts en maths.

Catégories : (…) je pense qu'un challenge est plus intéressant avec un début et une fin (check), ainsi que des objectifs qui s'adaptent à chacun.
Niveau "Micro-lecteur/Micro-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas mais c'est bien pour faire plaisir à Lune" : lire et chroniquer 3 nouvelles ou recueils ou novellas.
Niveau "Mini-lecteur/Mini-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et je commence à trouver ça plaisant" : lire et chroniquer 6 nouvelles ou recueils ou novellas.
Niveau "Joyeux lecteur/Joyeuse lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et j'aime ça" : lire et chroniquer 12 nouvelles ou recueils ou novellas. (...)
Niveau "Maxi-lecteur/Maxi-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et je ne peux plus m'arrêter" : lire et chroniquer 24 nouvelles ou recueils ou novellas. »

Il y a déjà de nombreux inscrits, dans chacune des catégories. Beaucoup sont des lecteurs de science-fiction, genre cher à l’organisatrice. Ce genre sera probablement représenté dans ma liste de lecture pour ce défi, mais de manière limitée.
Si l’envie vous prend de vouloir participer, plus on est de fous plus on lit, donc n’hésitez pas, le lien est ici !

2raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 11:36 am




1. Nouvelles audio : (28)
1.01. Tous les feux, le feu et Directives pour John Howell de Julio Cortázar (note de lecture)
1.02. L’Aleph, suivi de L’Immortalité de Jorge Luis Borges (note de lecture)
1.03. Leonidas de Mario Vargas Llosa (note de lecture)
1.04. Les funérailles de la grande Mémé de Gabriel García Márquez (note de lecture)
1.05. Histoires de lune d'Alejo Carpentier (note de lecture)
1.06. Autobiographie d’Irène de Silvina Ocampo (note de lecture)
1.07. L’Envoûtement de Fumiko Enchi (note de lecture)
1.08. Le Manteau de Nicolas Gogol (note de lecture)
Le lien automatique ne fonctionne pour moi que sous son titre en anglais. Le voici donc : The Overcoat.
1.09. Claude Gueux de Victor Hugo (note de lecture)
1.10. La chair et les os de Taeko Kono (note de lecture)
1.11. Patriotisme de Yukio Mishima (note de lecture)
1.12. L’idiote d'Ango Sakaguchi (note de lecture)
1.13. Deux nouvelles champêtres - Une farce et Simplice d'Emile Zola (note de lecture)
1.14. Bibliomanie de Gustave Flaubert (note de lecture)
1.15. Taalith d’Isabelle Eberhardt (note de lecture)
1.16. La fête à Coqueville d’Emile Zola (note de lecture)
1.17. Le Petit porteur d’huîtres de Paul Arène (note de lecture)
1.18. Comment on meurt d’Emile Zola (note de lecture)
1.19. L’Ombre de Sylvia Plath (note de lecture)
1.20. La récolte de Flannery O’Connor (note de lecture)
1.21. Le Horla de Guy de Maupassant (note de lecture)
1.22. Le Diable en Bretagne d’Emile Bergerat (note de lecture)
1.23. Eblouissement de Truman Capote (note de lecture)
1.24. Pour Milo, suivi de La Maison close de Marcel Schwob (note de lecture)
1.25. L’Ankou et le forgeron d’Anatole Le Braz (note de lecture)
1.26. La Noël de Marthe, suivi de L'Aventure du pilote d’Anatole Le Braz (note de lecture)
1.27. Triphyna, légende bretonne d’Emile Souvestre (note de lecture)
1.28. La Dénonciation d’Ernest Hemingway (note de lecture)

2. Autres nouvelles : (3)
2.1. Du sang !, suivi de Cauchemar en jaune de Fredric Brown (note de lecture)
2.2. L’Amour devant la mer en cage de Timothée Rey (note de lecture)
2.3. Boule de suif de Guy de Maupassant (note de lecture)

3. Recueils de nouvelles : (3)
3.1. Le portrait de Monsieur W.H. et autres nouvelles de Oscar Wilde (note de lecture)
3.2. Au creux des sillons de Joseph Raîche (note de lecture)
3.3. Le navire de l’homme triste et autres contes marins d’Irène Frain (note de lecture)

4. Courts romans (ou novellas) : (2)
La définition de la novella étant subjective, je suivrai ma propre définition, qui vaut ce qu’elle vaut, et qui englobe les courts romans de 60 à 120 pages environ.
4.1. Un cœur simple de Gustave Flaubert (note de lecture)
4.2. Ethan Frome d’Edith Wharton (note de lecture)

3raton-liseur
Redigerat: jul 12, 2013, 12:05 pm

1. Le portrait de Monsieur W.H. et autres nouvelles - Oscar Wilde
Voici un recueil de nouvelles bien disparate, du célèbre Fantôme de Canterville que j’avais lu au CE1 (et dont je n’avais pas compris pourquoi on en faisait des gorges chaudes, mais dont cette fois j’ai apprécié la causticité et le second degré, surtout dans la dérision de l’esprit pragmatique des Américains, gentiment moqué) aux nouvelles qui tiennent de Maupassant comme la nouvelle qui donne son nom au recueil, Le portrait de Monsieur W.H. ou bien Le Sphinx qui n'a pas de secret. Un petit bémol cependant pour l’essai L'Âme humaine sous le régime socialiste, dont le raisonnement spécieux m’a paru lassant sur le long terme.
C’est un bon aperçu des talents de plume d’Oscar Wilde, même si je le préfère en romancier dans Le portrait de Dorian Gray où il apparait plus à l’aise pour développer ses personnes et son intrigue. Le Dandy Wilde ne semble pas aussi à l’aise dans l’art de la concision que requiert la nouvelle.

4raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 11:51 am

2. Un cœur simple (extraits) - Gustave Flaubert, lu par Marie-Christine Barrault
J’avais lu ce livre adolescente, et n’en avait pas gardé un bon souvenir, restant hermétique à cette vie de femme vivant toujours au service des autres au point d’en oublier sa propre vie. Je ne crois pas que je pouvais alors sinon comprendre du moins être sensible à cette résignation et cet effacement.
Au détour d’une émission de radio hélas disparue (Littérature sans frontières, sur RFI, qui a mis à l’honneur en juillet dernier différents textes du XIXème siècle), je me suis laissée bercer par la voix tranquille de Marie-Christine Barrault dont la diction monocorde et pourtant mélodieuse s’accorde très bien et avec l’histoire et avec l’écoute. Cette nouvelle approche du texte m’a permis d’en ressentir toute la triste beauté, toute la mélancolie du personnage et de l’auteur qui lui-même voyait disparaître dans la mort plusieurs de ses attaches.
Un texte dont il ne faut probablement pas trop faire l’exégèse et qui doit souffrir injustement d’être au programme scolaire. Un texte qui gagne probablement à être découvert à l’âge d’une certaine maturité. Un texte qui, s’il ne me réconcilie pas avec Flaubert m’a émue.

5raton-liseur
Redigerat: dec 20, 2012, 12:20 pm

3. Tous les feux, le feu - Julio Cortázar, lu par André Dussolier
Julio Cortázar fait partie des grands noms de la littérature sud-américaine, mais je m’aperçois avec cette nouvelle que ce n’est pas la veine que j’affectionne.
Cette nouvelle met en parallèle deux histoires d’amour qui, une aujourd’hui, l’autre dans la Rome antique, se terminent toutes deux dans le feu. L’écriture entrelaçant les deux histoires est certes très maîtrisée, peut-être justement trop car je n’ai rien ressenti à l’écoute de cette nouvelle, qui m’est littéralement rentrée par une oreille et ressortie par l’autre.

3 bis. Directives pour John Howell - Julio Cortázar, lu par Loleh Bellon
Une nouvelle tirée du recueil Tous les feux, le feu, dont émane un parfum d’étrange. Un spectateur venu assister à une pièce de théâtre qui ne semble guère le captiver est mystérieusement contraint de jouer le rôle du personnage principal pendant le second acte. Quelle est sa liberté, peut-il changer le cours de la pièce et peut-être même sauver l’actrice qui joue à ses côtés ?
Un miroir de la vie où nous jouons tous des rôles qui ne sont pas les nôtres, où nous croyons pouvoir influencer une histoire qui est écrite d’avance…
Une nouvelle déroutante, dans laquelle Julio Cortázar, en démiurge tout puissant et manipulateur, ne nous donnera pas le fin mot de l’histoire. A nous de l’écrire ou de la subir…

6raton-liseur
Redigerat: dec 20, 2012, 12:36 pm

4. L’Aleph, suivi de L’Immortalité - Jorge Luis Borges, lu par Michel Bouquet
Toujours un peu intimidée par les livres de Borges, je me suis laissée tenter par l’écoute de ces deux nouvelles, en me disant que ce serait peut-être plus à ma portée que de me lancer directement dans la lecture de tout un recueil. Bien m’en a pris, car je crois que je n’aurais pas tenu la distance sur plus long que cela…
Je demeure hermétique à cette écriture formaliste, à ces histoires qui ressemblent plus à des jeux de déchiffrages de codes secrets qu’à une littérature qui se donne à lire.
Après cette incursion au bilan mitigé dans la nouvelle argentine, je crois que je vais retourner aux auteurs d’Amérique Latine que j’aime, ceux des grands espaces tels que Coloane, ceux du réalisme magique et ceux de la contestation politique tels que Miguel Angel Asturias ou Sepúlveda.

7raton-liseur
Redigerat: jan 10, 2013, 6:23 pm

5. Du sang !, suivi de Cauchemar en jaune - Fredric Brown
Dans leur machine à voyager à travers le temps, Vron et Dreena, les deux derniers survivants de la race des vampires, fuyaient vers le futur pour échapper à l’anéantissement. (“Du sang !”).
Deux nouvelles découvertes au fil de quelques liens internet, et qui toutes deux fait l’objet d’une épreuve de français l’une dans l’académie de Grenoble et l’autre dans l’académie de Limoges, d’où leur présence en ligne gratuite.
Je ne connaissais pas Fredric Brown, qui est pourtant un auteur prolifique, mais dans un domaine que je fréquente de façon intermittente, celui de la science-fiction. Outre son célèbre roman Martiens, Go Home !, il est connu pour le ton humoristique de ses nombreuses nouvelles et de ses micro-nouvelles.
Ces deux œuvrelettes rentrent dans cette catégorie puisqu’elles ne font pas plus d’une page chacune. A les lire, on se demande s’il s’agit d’une œuvre littéraire ou d’une bonne blague, car je ne crois pas que leur prétention soit à chercher au-delà du sourire qu’elles font naître chez le lecteur de passage. Du sang !, qui joue habilement de deux des poncifs de la science-fiction que sont les vampires et la machine à voyager dans le temps, est d’ailleurs à ce sujet la meilleure des deux, alors qu’au contraire Cauchemar en jaune m’a paru on ne peut plus prévisible.
Lecture amusante, dommage que le style en soit si scolaire et en définitive peu en accord avec le contenu léger. Si vous avez un peu de mémoire, vous pourrez probablement trouver dans les recueils de Fredric Brown une mine d’histoires drôles et originales pour faire rire dans les dîners !

8raton-liseur
Redigerat: jan 11, 2013, 12:28 pm

6. Leonidas - Mario Vargas Llosa, lu par Jean-Pierre Cassel
Une vingtaine de minutes à écouter la lecture de cette nouvelle et un gros coup dans l’estomac… Les violences des quartiers mal famés de Lima ou d’ailleurs ne sont en général pas ma tasse de thé, mais l’écriture de Mario Vargas Llosa m’a captivée, dans cette nouvelle dont l’action se limite à un combat entre deux caïds locaux, Justo et Le Boiteux (la raison pour laquelle cette nouvelle ne tire pas son titre de ses personnages principaux n’apparaît que vers la fin, jetant une ombre différente sur cette nouvelle).
Cette écriture, donc, fait de ce combat un ballet, un ballet de mort certes, mais un ballet fascinant. La longue description des corps se cherchant et se mouvant avec souplesse, les coups portés dans le vide, puis ceux qui entrent dans les chairs, tout cela est décrit d’une façon vivante qui retourne presque l’estomac tant j’ai eu l’impression d’assister directement à la scène.
Je n’ai pas relu Vargas Llosa depuis Le paradis : Un peu plus loin, malgré le plaisir que j’avais eu lors de cette lecture. Cette nouvelle me renforce dans mon idée qu’il serait temps que j’ouvre à nouveau un de ses livres, et maintenant je suis convaincue de son talent, et que celui-ci s’exprime tant dans la forme du roman que dans celle de la nouvelle. A regarder les étagères de ma bibliothèque, j’ai une petite idée de ce que sera une de mes lectures prochaines…

9raton-liseur
jan 11, 2013, 12:23 pm

7. Les funérailles de la grande Mémé - Gabriel García Márquez, lu par Gérard Lartigau
Les funérailles de la grande Mémé est considéré comme un tournant dans l’évolution de l’écriture de García Márquez puisque le réalisme magique, qui est la patte de cet auteur, commence à y prendre forme, et il n’y a pas à bouder son plaisir !
La grande Mémé fut une maîtresse femme qui, telle une reine colombienne, a dirigé son domaine seule, vierge et célibataire, d’une main sûre tout au long des circonvolutions du XXème siècle. Dans les apparences se contentant de prélever la taxe foncière de son encomienda, elle est aussi et surtout la garante d’une société hiérarchisée et sclérosée où le civilisé se sait sûr de son bon droit, et fier de sa place. Tout cela est bien sûr bien mieux décrit par la plume de García Márquez, comme une somme de petites touches qui semblent insignifiantes mais sont en réalité d’une ironie mordante…
Lorsque ce grand personnage meurt, son envergure dépasse finalement les limites de ses terres et c’est finalement une métaphore du pouvoir oligarchique qui a rendu l’âme, et auquel le Président et le Pape lui-même veulent rendre hommage. Situation rocambolesque, ridicule, qui est tout à la fois une critique acerbe du contexte colombien de l’époque et une réflexion sur la mort, le temps qui passe et la vanité des vivants.

D’un réalisme encore bien peu magique, cette nouvelle me semble plus facile á aborder que le monument inexpugnable qu’est Cent ans de solitude, et donne une bonne idée de la plume de García Márquez. Une bonne lecture à conseiller à ceux qui aiment déjà le célèbre Prix Nobel colombien, ainsi qu’à ceux qui ont été rebuté ou qui sont intimidés par ses œuvres plus connues, un peu comme une initiation ou une première marche vers la réalité toute particulière de García Márquez.
Peut-être devrais-je d’ailleurs appliquer cette recommandation à moi-même et relire Cent ans de solitude ou, encore plus ambitieux, m’atteler au Général dans son labyrinthe, acheté (en espagnol !) un jour où le soleil devait m’avoir retourné le cerveau sur un marché aux puces à Cuba…

10raton-liseur
jan 11, 2013, 4:33 pm

8. Histoires de lune - Alejo Carpentier, lu par Jean Topart
Cette nouvelle est centrée sur la figure du Glissant, dont je ne sais si c’est une véritable légende ou si elle a été créée par l’auteur. Le Glissant est un être à l’appétit sexuel immodéré, habité par un arbre qui croît en lui toute la journée et le pousse de façon irrépressible vers les femmes pendant la nuit. Dans un village où les deux ethnies des Boucs et des Grenouilles cohabitent, l’existence de ce violeur en série n’aura pas les conséquences que l’on aurait crues.
Une histoire assez poussive, dans un style lui aussi poussif, que même la merveilleuse voix de Jean Topart ne m’a pas permis d’apprécier. Sous des dehors de réalisme magique ou de folkhlorisme, Alejo Carpentier écrit une histoire qui me semble plutôt convenue, sans vraiment ni nous emmener ailleurs ni nous ouvrir une porte vers un monde ou une pensée originale.
Un coup d’épée dans l’eau, cette nouvelle, me semble-t-il. Probablement pas de quoi jeter aux orties l’auteur avec, mais une petite déception tout de même pour ma première rencontre avec cet écrivain cubain.

11raton-liseur
Redigerat: jan 11, 2013, 6:14 pm

9. Autobiographie d’Irène - Silvina Ocampo, lu par Renée Faure
Silvina Ocampo est Argentine et, étrangement, sa nouvelle a un petit air de Borges. Il y est question de la vie d’une femme qui, frappée d’un don de préscience (l’oxymore est voulu…), ne peut vivre l’instant présent, puisqu’elle l’a déjà vécu dans ses visions, et ne peut se souvenir, toujours portée vers le futur.
L’idée est certes intéressante, mais son traitement m’a paru plat et l’écriture assez quelconque. On comprend vite où veut en venir l’auteur, et l’on finit un peu par s’ennuyer, le comble pour une nouvelle !
La nouvelle, tout comme la poésie, est un genre particulièrement affectionné par Silvina Ocampo. Il semble donc que cette nouvelle ne soit pas nécessairement la meilleure représentante de son œuvre.

12LolaWalser
jan 11, 2013, 6:54 pm

Silvina Ocampo faisait part da la coterie littéraire autour de Borges, de même que son époux, Adolfo Bioy Casares, un ami très proche et collaborateur occasionel de Borges. Ils ont participé tous les trois en assemblant une collection des contes fantastiques des plus célèbres, Antología de literatura fantástica. Je crois qu'en effet l'imaginaire de Ocampo, alambiqué et délicat, est tout absorbé dans le fantastique, le mystère presque surnaturel.

J'espére que vous voudrez donner une seconde chance à Carpentier! Son roman Los pasos perdidos (Les pas perdus) est un des plus beaux que je connais, une histoire de renouvellement et de la redécouverte à travers la régression et l'égarement délibérés. Un homme civilisé se dépouille de l'amas de mensonges et de fautes dans le jungle, la source de sa nature et son musique (la musique joue toujours un rôle incontournable chez Carpentier).

13raton-liseur
jan 15, 2013, 3:55 pm

# 12 - Bonjour LolaWalser, et merci de ces précisions sur Silvina Ocampo. Je me doutais que les similitudes avec Borges n’étaient pas fortuites, mais je ne soupçonnais pas un tel lien.

Pour Alejo Carpentier oui, je lui redonnerai probablement une chance, ne serait-ce que parce que Los pasos perdidos (Le Partage des eaux dans sa traduction française) et Le siècle des lumières sont tous deux sur les étages de ma bibliothèque ! A suivre, donc…

14raton-liseur
Redigerat: apr 16, 2013, 10:46 am

10. L’Amour devant la mer en cage - Timothée Rey
Non, les copains, je vous assure, aucune insatisfaction ! Aucune nostalgie ! Simplement, ce matin, je suis en besoin d’infini. J’ai envie de voir la mer. Plus que d’entendre un accorde-éons. Vous voyez... je n’ai fait que glisser. (p. 6).
Lorsque, suite à mon inscription à un défi de lecture, les éditions ActuSF m’ont offert de choisir une nouvelle dans leur catalogue (qu’ils en soient remerciés ici), c’est celle-là qui a tout de suite attiré mon attention. D’abord par son titre énigmatique, ensuite par l’idée qui la sous-tend : que serait un monde où la compétition, la souffrance, la mort et l’amour auraient disparu ?
Je ne sais si cette nouvelle se situe dans notre futur ou dans un autre monde, car bien des choses sont différentes, à commencer par les habitants de cette planète, convexes et autres post’humil, et le personnage central de cette nouvelle qui se nomme hu:iorev (sic). Cette profusion de noms étranges et de concepts bizarres, qui ne sont jamais expliqués dans ce format court de nouvelle, m’a un peu agacée. Certes, chacun peut imaginer ce qu’il veut et laisser libre cours à son imagination, mais il me semble qu’ici, c’est un peu se défausser sur le lecteur et ne pas lui donner assez de matière pour ensuite le laisser vagabonder dans un monde dans les structures sont mises en place par l’auteur.
De même, l’idée de mettre la mer en cage pour éviter la réalisation d’une prophétie est intéressante, mais je reste un peu sur ma faim, me demandant si l’auteur s’est seulement amusé ‘a faire un tableau étrange ou s’il y a une intention (que je n’ai alors pas comprise) dans son histoire.
Au final, une nouvelle qui plaira probablement aux amateurs du genre, mais qui pour moi ressemble à un coup d’épée dans l’eau. Elle ne m’a pas apporté ce petit titillement ou cette courte divagation que je peux attendre d’une nouvelle.

15raton-liseur
Redigerat: jan 24, 2013, 2:39 pm

11. L’Envoûtement - Fumiko Enchi, lu par Guy Tréjean
Fumiko Enchi est une des principales figures féminines de la littérature japonaise du XXème siècle, mais je dois commencer cette note de lecture en précisant que je ne connaissais pas cet auteur, et que cette longue nouvelle est ma première rencontre avec son œuvre.
L’Envoûtement, titre dont je n’ai pas compris le lien avec l’histoire, est l’évocation d’une vie de femme dans le Japon du XXème siècle, celui des traditions et des mutations. Une vie sans grand relief ni très pleine, une vie de couple plutôt ratée. Et c’est surtout l’arrivée progressive de la vieillesse qui est évoquée ici. On rencontre le personnage principal alors que ses deux filles ont quitté la maison familiale pour voler de leurs propres ailes et, si l’auteur évoque la vie avant cela, c’est surtout cette nouvelle phase, entre recherche d’indépendance et arrivée des premiers signes de vieillissement, qui est explorée.
Dans une atmosphère assez glauque qui est pour moi (de façon outrancièrement simplificatrice) typique des romans japonais, l’auteur décrit cette femme qui, de façon presque inconsciente, se retourne sur sa vie peu satisfaisante pour en ébaucher un bilan. Ce n’est pas triste, mais empreint d’une pudeur qui se meut en résignation et fatalisme qui me donne cette sensation que je ne peut exprimer autrement que par le terme de « glauque ».

Une lecture qui ne me laissera certes pas un souvenir impérissable, mais qui, dans un style qui demeure très japonais, me semble plus accessible que d’autres œuvres plus connues venant de ce pays (je pense notamment à Kawabata qui me donne toujours du fil à retordre). C’est donc une bonne découverte que cette lecture, qui allie de façon très intéressante et personnelle un style très japonais et une interrogation universelle, celle du temps qui passe et de nos vies qui s’écoulent à son gré.

16raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:04 pm

12. Le Manteau* - Nicolas Gogol, lu par Denis Podalydès
Il est dit que Nicolas Gogol a influencé toute la littérature russe de la seconde moitié du XIXème siècle. Cela peut surprendre lorsque l’on sourit du caractère un peu bouffon de certaines de ses œuvres et dont Le manteau est un bon exemple. Cette nouvelle est pourtant bien loin du tragique Dostoïevski ou du romantique Tolstoï. Qualifiée un peu hâtivement de nouvelle fantastique (la chute est certes fantastique, mais c’est bien peu de pages au regard de l’ensemble de la nouvelle), elle conte l’histoire d’un obscur employé de bureau de l’administration impériale qui, sans ambition ni professionnelle ni personnelle aura toute sa vie exercé son métier de copiste pour un salaire lui permettant tout juste de survivre.
Lorsque son manteau devient tellement usagé qu’il ne peut plus être rapetassé et qu’il doit le remplacer, c’est toute sa vie qui est chamboulée. Il a maintenant un objectif, une raison de vivre, et il économise sou après sou pour finalement s’offrir un manteau presque aussi beau que dans ses rêves.
De cette trame simple et qui prête à sourire, Gogol déroule une histoire burlesque et pathétique. Avec un humour féroce et sous couvert de fantastique, peut-être dans le but d’égarer la censure, Gogol fait un portrait au vitriol de la société pétersbourgeoise. Aucune classe sociale, aucun métier n’est épargné, et c’est dans ce rire parfois léger souvent jaune que Gogol nous entraîne sans concession.
Cette nouvelle était pour moi une première rencontre avec Gogol et je ne savais pas exactement à quoi m’attendre. J’ai été agréablement surprise par la note de couleur que Gogol met dans le paysage de la littérature russe du siècle dernier, réputée pour ses personnages tourmentés et l’aridité de son écriture.
Le style de Gogol ne fait pas partie de ce que j’apprécie le plus en littérature, mais cette courte lecture audio a été bien agréable lors d’un trajet de bus vers Sololá, et je ferai probablement à nouveau un tour dans les écrits mordants de cet écrivain classique qui gagne à être découvert.

* Le lien automatique ne fonctionne pour moi que sous son titre en anglais. Le voici donc : The Overcoat.

17raton-liseur
mar 1, 2013, 11:28 pm

13. Claude Gueux - Victor Hugo, lu par Philippe Magnan
Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper.
En 1832, alors que Victor Hugo s’est déjà engagé contre la peine de mort en publiant notamment Le dernier jour d’un condamné quelques années plus tôt, il apprend le procès plus l’exécution d’un certain Claude Gueux. Il décide alors d’un tirer une nouvelle qu’il publiera 1834, personnifiant en Claude Gueux non seulement son refus de la peine capitale mais surtout son indignation contre un système social et judiciaire qui crée les voleurs et les assassins.
Ce court récit n’est pas le meilleur exemple de la prose de Victor Hugo, que je trouve ici un peu trop didactique. Ce récit ne m’a pas autant remuée que Le dernier jour d’un condamné à mort et, s’il est tout à fait louable sur le fond, la forme ne me semble pas à la hauteur, ni du sujet ni de la plume.
Cette nouvelle, qui se rapproche des Misérables par l’époque contemporaine d’Hugo qui y est décrite et par son thème social fonctionne comme si Hugo avait voulu isoler un des maux de sa société qu’il exècre le plus afin de le mettre en pleine lumière. Plus que le Hugo écrivain, c’est le Hugo politique, le Hugo tribun qui écrit ce livre. Une démonstration claire, implacable, presque trop simple. En nous invitant à aller voir au-delà des faits, à comprendre (ce qui ne veut pas dire excuser), Hugo délivre un message qui est toujours d’actualité dans notre société où les inégalités se renforcent. Trois jours de pain, cinq ans de prison. On paie parfois encore son pain aussi cher que cela sous nos cieux.

18raton-liseur
mar 6, 2013, 1:54 pm

14. La chair et les os - Taeko Kono, lu par ?
Ecrite par une auteure japonaise du XXème siècle que je ne connaissais pas, cette nouvelle contient à elle seule tout ce qui me met mal à l’aise dans une grande partie de la littérature japonaise, cette littérature où il est question du rapport au corps et au désir.
La construction en est originale, puisque la nouvelle dépeint une femme qui vient de vivre une rupture amoureuse, entremêlant les sentiments de cette femme blessée et les réminiscences d’une liaison dont on saura peu de choses sinon son érotisme bien particulier, lié à un rituel alimentaire bien défini.
Je dois avouer que de tels écrits ne font que me mettre mal à l’aise, non par pruderie bien que je puisse pêcher de ce côté aussi, car après tout il n’y a jamais aucune description ou aucun détail qui puisse choquer. Non, seulement par le caractère malsain, glauque de ces mises en scènes, surtout que je n’en vois pas l’intérêt. Ces lectures ne m’apportent rien en tant que lectrice, ni comme une lecture plaisante ni comme une lecture qui m’apprennent quelque chose d’une manière ou d’une autre, sinon me mettre mal à l’aise.
Je passe donc mon tour et laisse ce genre de lecture à ceux qui aiment ce genre et savent l’apprécier, ce dont je suis bien incapable.

19raton-liseur
mar 7, 2013, 10:59 am

15. Patriotisme - Yukio Mishima, lu par Bernard Lanneau
Une bien étrange nouvelle, qui se passe au lendemain de la tentative de coup d’Etat par l’armée, le 26 février 1936 au Japon. Un officier, marié depuis quelques mois à peine, n’est pas associé au complot, peut-être ses compagnons d’arme ont-ils voulu préserver son bonheur récent. Mais, étant maintenant de l’autre côté, il lui sera demandé de pourchasser les rebelles, qui étaient aussi ses amis.
Son honneur de soldat et d’homme, ses convictions peut-être, ne lui permettent pas de s’associer à une telle entreprise de répression, et le suicide devient donc pour lui la seule réponse possible. Sa femme, très consciente de son statut de femme de soldat, le suivra dans son choix. Cette nouvelle n’est autre que la lente description de l’inéluctabilité, de la préparation et de l’exécution de cette mort annoncée.
Avec forces détails, Mishima décrit les deux uniques protagonistes de cette nouvelle dans leur lent chemin vers la mort, selon le rituel du seppuku (plus communément connu sous le terme hara kiri) pour le lieutenant Shinji Takeyama et du jigai pour sa femme Reiko. Je pourrais me contenter de dire que cette nouvelle est un documentaire très intéressant sur une pratique emblématique de la culture japonaise qui fascine autant qu’elle effraie, restant pour moi aussi hermétique à l’entendement que possible.

Mais cela serait sans compter avec le fait que cette nouvelle a été écrite en 1960, adaptée au cinéma par son auteur en 1966, et que celui-ci s’est donné la mort par seppuku quelques années plus tard, une mort soigneusement mise en scène d’après ce que j’ai pu en lire, et très médiatisée. Pour moi qui, je dois l’avouer, n’avait jamais rien lu de cet auteur pourtant phare de la littérature japonaise moderne, cette entrée en matière, dans un tel contexte, est un choc, oserais-je presque dire.
Le titre de la nouvelle, déjà, est étrange. Certes il est question de l’honneur d’un soldat, mais on ne sait à aucun moment pour quelle cause il penche. Ce suicide est aussi un refus de choisir entre loyauté à l’empereur et loyauté envers les camarades et compagnons d’arme. Venant d’un Mishima récemment acquis aux idées nationalistes, l’adéquation entre patriotisme et mort par suicide rituel est plus que troublante, dérangeante, surtout lorsqu’elle est alliée à une fascination pour la mort exprimée dans d’autres œuvres.
Faut-il voir dans cette nouvelle (adaptée au cinéma par Mishima lui-même, ce qui montre l’importance que lui-même lui accordait au sein de son œuvre) une première expression de l’idée d’une mort qu’il commençait à caresser ? Je ne connais pas assez cet auteur pour m’aventurer plus loin sur le chemin de cette interprétation, mais il n’en demeure pas moins que cette nouvelle conservera pour moi un goût d’étrange. Entre la description jusque dans ses moindres détails d’un suicide, sa technique et son déroulement et l’impression, peut-être exagérée, de voir l’auteur se délecter par avance de sa propre mort, je suis comme une lectrice prise en otage dans une fascination pour le moins morbide.

20raton-liseur
mar 7, 2013, 3:49 pm

16. L’idiote - Ango Sakaguchi, lu par Raymond Jérôme
L’idiote, publiée dans l’immédiat après-guerre, est une des nouvelles les plus célèbres d’Ango Sakaguchi. Situé à Tokyo, alors que la ville était sous le feu des bombardements américains et des grands incendies qui en résultait, cette nouvelle est avant tout une réflexion sur la guerre et sur l’attitude du Japon pendant cette période. Très critique vis-à-vis du patriotisme triomphant de ses compatriotes, Ango Sakaguchi apparaît bien plus désabusé et fataliste que ce à quoi les productions littéraires ou culturelles sur le Japon nous ont habitué.
Etrangement, sur ce thème de la guerre et de la décadence du Japon (j’ose ce mot car il est souvent associé à l’œuvre de Sakaguchi), se greffe l’histoire d’une femme simple, ou idiote, et de celui qui devient sans véritablement le vouloir, son chevalier servant.
Etant peut-être un peu catégorique, j’ai l’impression que cette juxtaposition de ces deux thèmes est l’expression même de la spécificité de la littérature japonaise. Beaucoup auraient pu écrire des pages similaires à celles de Sakaguchi sur la gloriole de l’héroïsme et la vanité patriotique. Mais qui autre qu’un auteur japonais aurait eu l’idée d’y agréger un tel personnage, faisant entrer une thématique tout autre dans ce court récit ? C’est dans cette alliage improbable et dans le malaise qu’il provoque que se trouve, me semble-t-il, une clef de la littérature japonaise (vue de mon angle très européen et très néophyte, je tiens à le préciser).
Une nouvelle étrange, donc, qui me laisse dans l’idée que mon ignorance du Japon ne m’a pas permis d’en comprendre tous les sous-entendus et les non-dits.

21raton-liseur
Redigerat: mar 15, 2013, 2:04 pm

17. Au creux des sillons - Joseph Raîche
C’était un poème champêtre que cette femme qui s’agitait dans la splendeur de son amour. (p. 41, “Au gré des flots”).
Voici un livre glané un peu au hasard sur le site de la bibliothèque électronique du Québec, parce que le titre m’attirait. J’aime bien de temps en temps un roman champêtre à la George Sand, avec des paysages qui laissent rêveurs et des histoires bon enfant. Ici, je n’ai pas été déçue, c’est bien ce que j’y ai trouvé, avec l’exotisme rude (pour moi petite Française) du Québec.
Au creux des sillons, dont je n’ai pas trouvé trace de l’auteur après une recherche (certes rapide) sur internet, a été publié en 1926 et décrit avec un lyrisme un peu trop appuyé pour rester plaisant et une naïveté un peu trop grande pour ne pas en devenir pénible A ce sujet, la description des mendiants est particulièrement pesante et m’a définitivement gâché le reste de ma lecture. « Ils sont beaux dans leurs haillons, les mendiants de chez nous. Leur figure creusée par la faim, le froid, le vent, brunie par le soleil, ressemble à un médaillon finement taillé. » (p. 51, “Le mendiant”) pour ne citer que le début d’une diatribe qui n’est pas au deuxième degré, ou bien c’est trop subtil pour moi…
Toutes ces histoires, qui ont en commun un amour sublimé par le malheur ou le sacrifice, ne m’ont donc pas convaincus, malgré les bons paysages, les paysans à la moisson ou les pêcheurs revenant au port. Il me faudra trouver un autre chantre du pays québécois pour en savourer les paysages et les métiers de la terre et de la mer.

22raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:10 pm

18. Ethan Frome - Edith Wharton
toute leur intimité était faite de pareils instants de rapprochement muet, où, étonnés et attendris, ils rencontraient le bonheur, comme s’ils eussent surpris un papillon dans les bois dénudés et neigeux. (p. 97, Chapitre 9).
J’avais envie d’une lecture intimiste, d’un drame psychologique, ce qui est rare chez moi et, n’ayant jamais lu Edith Wharton dont j’entends beaucoup parler depuis que je fréquente les repères de lecteurs sur internet, je me suis laissée tenter par ce livre.
Ce fut une lecture assez rapide, qui m’a laissée tiède. Il faut dire que j’avais lu la quatrième de couverture, qui dévoile l’ensemble du roman. Ce que je croyais être le point de départ d’un huis-clos sombre était en réalité l’aboutissement du récit, et ce huis-clos que j’attendais n’est finalement qu’effleuré. Si parfois il ne me déplaît pas de connaître la fin d’un livre pour l’apprécier, ici, la tension psychologique qui monte peu à peu est le ressort principal du livre, et il m’a été gâché.
Difficile dans ces conditions de donner un avis sur cette lecture et sur cet auteur que je découvre. Je comprends que ce livre est un peu à part dans l’œuvre de cette auteure, qui, habituée à situer ses livres dans son milieu, celui de la haute bourgeoisie de la côte est des Etats-Unis, décrit ici la campagne froide et triste du Massachussetts. C’est une vision peu habituelle de cet état que l’on associe plutôt à la ville prospère et puritaine de Boston et sa célèbre Tea Party, et c’est une description réussie, me semble-t-il. Je ne sais pourquoi, je pensais à La petite maison dans la prairie de Laura Ingalls en lisant ce livre, tant le contraste est frappant entre la candeur et la luminosité de ses écrits, même lorsque des malheurs touchent la famille, et la mélancolie, le froid qui pèse sur ce livre, même dans le cours passage qui fait référence à l’été.
Beaucoup de tristesse dans ce livre, de dignité et de moralité dans la pauvreté et l’impossibilité de se réaliser. Un livre à lire au coin d’un feu nourri pour chasser de ses os le froid qui s’insinue entre chacune de ses lignes.

23raton-liseur
Redigerat: maj 10, 2013, 12:33 pm

19. Deux nouvelles champêtres - Une farce et Simplice - Emile Zola, lu par Pomme
J’aime avant tout l’Emile Zola des Rougon-Macquart, mais j’aime aussi découvrir d’autres facettes de l’œuvre de cet écrivain, avec plus ou moins de bonheur selon les fois.
Ici, ce sont deux nouvelles qui sont réunies dans un enregistrement, de façon assez arbitraire car elles n’ont rien en commun.
La première, intitulée La farce, se moque, à l’occasion d’une partie de campagne, de la superficialité, tant artistique qu’émotionnelle, de la jeunesse qui se prend pour des artistes aux mœurs légères. Un petit texte mordant avec lequel Emile Zola n’a pas du se faire que des amis !
La seconde, Simplice, tirée des Contes à Ninon, commence avec le même mordant (« La reine était une belle reine : elle usait tant de fard qu’elle n’avait guère plus de quarante ans. » nous dit Zola dans le premier paragraphe), puis dérive doucement sur un conte onirique qui donne la part belle à la beauté de la nature. Cette nouvelle est pour moi bien plus inattendue dans l’œuvre de Zola. On y retrouve certes la capacité de Zola à critiquer les travers de sa société, mais sur un ton très différents, et avec des envolées poétiques que je ne lui connaissais pas.
Deux petites nouvelles, de quelques pages chacune, qui font passer un moment agréable lorsque l’on est d’humeur légère !

24raton-liseur
Redigerat: apr 22, 2013, 2:13 pm

20. Bibliomanie - Gustave Flaubert, lu par Juliette
il aimait un livre, parce que c’était un livre, il aimait son odeur, sa forme, son titre. (…)
Cette passion l’avait absorbé tout entier, il mangeait à peine, il ne dormait plus, mais il rêvait des nuits et des jours entiers à son idée fixe : les livres. (…)
Il savait à peine lire.
Une nouvelle que je me suis empressée de lire (ou plutôt écouter) lorsque je l’ai découverte, bien que je ne sois pas une grande amatrice de Flaubert.
Et effectivement, j’ai trouvé cette nouvelle sans relief. Le sujet est amusant, surtout pour ceux qui, comme moi, possèdent déjà plus de livres qu’ils ne pourront certainement en lire dans leur vie, et ne peuvent se résoudre à leur faire quitter leurs étagères, qu’ils aient été lus ou non. Mais Flaubert traite de son sujet d’une façon convenue, à outrance et sans aucune surprise, et dans un style que, personnellement, je trouve plat. Je passe donc mon chemin, et je ne saurai pas quel mal me guette à accumuler des livres au-delà de toute raison.

Je sais bien que cela n’a rien à voir, mais il y a de biens plus beaux livres pour tenter de dédramatiser la maladie de ceux qui aiment les livres, tout autant ou parfois plus que la lecture. Je retombe par hasard sur ce livre dit pour enfants, mais plutôt pour drogués de livres, Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore. Soyons irrévérencieux, et osons dire que je préfère de loin cette façon d’aborder ce douloureux problème que la plume trop lisse et insipide de Flaubert.

25raton-liseur
Redigerat: maj 10, 2013, 12:35 pm

21. Taalith - Isabelle Eberhardt, lu par Esperiidae
Isabelle Eberhardt est un nom connu de ceux qui s’intéressent aux grandes figures des voyageurs du début du XXème siècle, mais je n’ai jusqu’à présent eu l’occasion de lire ni ses récits de voyage ni ses fictions. Je commence ici un peu au hasard, par une petite nouvelle qui fait partie du recueil Pages d’Islam. Située en Algérie, elle narre sans fioriture la vie d’une jeune femme, d’abord heureuse puis victime de durs aléas de la vie.
Il n’y a rien d’exceptionnel dans cette nouvelle, mais elle se laisse lire ou écouter tout doucement, avec une mélancolie teintée d’exotisme qui me donne envie de découvrir un peu mieux les écrits de cette femme intrépide, qui n’aura eu de cesse de vivre comme elle l’entendait.

26raton-liseur
maj 10, 2013, 11:59 am

22. La fête à Coqueville - Emile Zola, lu par Pomme
Les Mahé et les Floche se détestent. Il y a entre eux une haine séculaire. Malgré leur déchéance, les Mahé gardent un orgueil d’anciens conquérants. En somme, ils sont les fondateurs, les ancêtres. Ils parlent avec mépris du premier Floche, un mendiant, un vagabond recueilli chez eux par pitié, et auquel leur éternel désespoir sera d’avoir donné une de leurs filles. (…) Et il n’est pas d’injures dont ils n’accablent la puissante tribu des Floche, pris de la rage arrière de ces nobles, décimés, ruinés, qui voient le pullulement de la bourgeoisie maîtresse de leurs rentes et de leurs châteaux. Naturellement, les Floche, de leur côté, ont le triomphe insolent. Ils jouissent, ce qui les rend goguenards. Pleins de moquerie pour l’antique race des Mahé, ils jurent de les chasser du village, s’ils ne courbent pas la tête. Ce sont pour eux des meurt-de-faim, qui, au lieu de se draper dans leurs guenilles, feraient beaucoup mieux de les raccommoder. (Chapitre 1).
Publiée dans le recueil de nouvelles intitulé Le Capitaine Burle en 1882, c’est-à-dire à mi-chemin dans la publication des Rougon-Macquart, cette nouvelle est, sans que je m’y attende, une bonne conclusion en forme de coda à cette première partie de son œuvre majeure, qui se centre principalement sur la bourgeoisie et le pouvoir.
En effet, la fête à Coqueville se présente comme le récit d’un village qui se grise avec les prises de mer suite au naufrage d’un navire près de ses côtes, avec un côté clownesque et paillard dont la plume guillerette et mordante de Zola se délecte. Mais cela n’est que le prétexte. Ce village de Coqueville, avec ses deux familles, ses moins de deux-cent habitants, ses deux étrangers, un curé et le garde-champêtre pour représenter le pouvoir spirituel et l’ordre. Ce dernier est même surnommé l’Empereur, pour avoir servi dans les armées royales. La métaphore n’est pas difficile à identifier, Coqueville est le creuset de cette France dans laquelle l’aristocratie perd tout, privilèges et pouvoir, alors que la bourgeoisie se pousse à leur place. Le champ lexical de Zola dans cette nouvelle est le même que dans les Rougon-Macquart, la rage des aristocrates ruiné et la jouissance de la bourgeoisie montante.
Après cet exposé cru et à peine voilé que Zola fait de notre pays, il est amusant de le voir introduire ces tonneaux de liqueur, qui seuls pourront réconcilier les deux branches d’un même arbre généalogique dans une torpeur alcoolisée. Quelle belle image Zola nous donne du moteur de l’histoire…
En définitive, une nouvelle qui m’a fait sourire par son caractère mordant et sa critique méchante, et qui m’a fait réfléchir aussi sur la valeur d’une bonne cuite pour la cohésion sociale (si j’avais osé, j’aurais dit pour l’identité nationale…).

27raton-liseur
Redigerat: jun 13, 2013, 5:02 pm

23. Le Petit porteur d’huîtres - Paul Arène, lu par René Depasse
Peu à peu cependant l’opinion générale s’établit que le petit porteur d’huîtres était mort, comme meurent ceux qui furent aimés des dieux, par un beau soir, à la fleur de l’âge.
Paul Arène, écrivain oublié du XIXème siècle, est resté dans quelques mémoires comme un écrivain régionaliste, célébrant les paysages et les hommes de Provence, notamment dans son roman Jean-des-Figues. Je le découvre ici par une de ses nouvelles, ce qui est souvent trop peu pour juger de l’intérêt que l’on est susceptible de porter à un auteur.
Il est question ici d’un jeune garçon, monté à Paris pour livrer des huîtres, et qui devient grâce à sa naïve beauté la coqueluche de son quartier, au point que jamais dans le quartier du Moulin de la Galette « on ne mangea tant d’huîtres que cette année-là ».
Je ne suis pas sûre de tout à fait voir l’intérêt ou la morale de cette nouvelle, c’est plus une tranche de vie, un tableau, avec une petite pique contre la futilité parisienne, bien compréhensible de la part d’un écrivain qui chante la province.
D’un style sans grand relief et avec quelques sous-entendus piquants, cette nouvelle n’est pas assez longue pour que je puisse me faire une opinion de cet auteur, mais elle est suffisamment intéressante pour me donner envie de me plonger, un de ces jours, dans un livre plus représentatif.

28raton-liseur
jun 4, 2013, 9:10 am

24. Comment on meurt - Emile Zola, lu par Pomme
Le père Lacour sera bien, dans ce trou. Il connaît la terre, et la terre le connaît. Ils feront bon ménage ensemble. Voici près de soixante ans qu’elle lui a donné ce rendez-vous, le jour où il l’a entamée de son premier coup de pioche. (Partie 5).
Un titre assez peu engageant, pour un ensemble de 5 courtes nouvelles qui décrivent chacune une agonie, un trépas et un enterrement. Anthropologue avant l’heure, Emile Zola utilise la description d’un fait social capital comme révélateur de la société dans laquelle il vit. Chacune de ces nouvelles évoque une classe sociale différente, et affiche sans fard son message politique. S’il fallait résumer ces cinq nouvelles par un mot pour chacune d’elles, ce serait plaisir, avarice, pragmatisme, fatalisme et bestialité, respectivement pour Verteuil l’aristocrate, Madame Guérard la bourgeoise, Adèle Rousseau la commerçante, Charlot Morisseau le fils d’ouvrier et enfin Lacour le paysan.
Le procédé est intéressant, et Zola l’a utilisé quelques mois plus tôt dans une autre œuvre qui semble être son pendant, Comment on se marie. On y retrouve aussi beaucoup des thèmes que Zola incarnera dans ses personnages des Rougon-Macquart. Ainsi, les commerçants terre-à-terre jusqu’à l’extrême font penser aux Quenu du Ventre de Paris ou les paysans tout à l’animalité de voisinage quotidien avec les forces de la nature préfigurent le tome si rustiquement intitulé La Terre.
Mais dans ces quelques pages, Zola ne peut développer sa plume et son art de la description sociale, et il me paraît qu’il finit par tomber dans une caricature un peu trop simpliste, ce qui m’a déçu de la part de cet écrivain que j’affectionne particulièrement. Il me semble donc que, au-delà du document littéraire pour voir se former un écrivain et les centres d’intérêt qui l’attirent, cette œuvre ne présente pas un intérêt majeur en tant que simple lecteur, sauf peut-être comme un résumé, mais alors bien imparfait, de ce que les 20 livres de la collection des Rougon-Macquart diront de façon magistrale.

29raton-liseur
Redigerat: jul 15, 2013, 7:34 pm

25. Boule de suif - Guy de Maupassant
Personne ne la regardait ne songeait à elle. Elle se sentait noyée dans le mépris de ces gredins honnêes qui l’avaient sacrifiée d’abord, rejetée ensuite, comme une chose malpropre et inutile. Alors elle songea à son grand panier tout plein de bonnes choses qu’ils avaient goulûment dévorées, à ses deux poulets luisants de gelée, à ses pâtés, à ses poires, à ses quatre bouteilles de bordeaux ; et sa fureur tombant soudain comme une corde trop tendue qui casse, elle se sentit prête à pleurer. (p. 25-26).
Relecture de la seule nouvelle de Maupassant qui m’a laissé un souvenir après mes années de collège. Ayant d’abord lu Le Horla et étant à l’époque (et encore largement aujourd’hui) hermétique au fantastique, j’avais trouvé dans Boule de suif une nouvelle qui me parlait. C’est aussi une nouvelle qui m’avait révoltée par ce qu’elle dit de ce que nous sommes, quelle vénalité et bien-pensance nous anime.
Le plaisir a été moindre avec cette relecture, car j’en attendais la chute, que je connaissais, et l’ai finalement trouvée moins féroce que dans mon souvenir. Ou serait-ce que je suis plus fataliste aujourd’hui et que ce comportement de la société bien-pensante me paraît finalement tristement banal quand il me révoltait il y a une vingtaine d’années ?

30raton-liseur
Redigerat: jun 13, 2013, 5:02 pm

26. Le navire de l'homme triste et autres contes marins - Irène Frain
[Le diable à un capitaine sans embarquement :]
– (…) qu’importe que vous me donniez votre âme, en échange, je vous donne la mer !
(p. 49, “Le navire de l’Homme triste”, Partie 2, “Vaisseaux fantômes”).
“La Shérazade bretonne” est-il écrit sur la quatrième de couverture… Si j’avais été calife à la place du calife, je crois que je lui aurais coupé la tête sans attendre la millième nuit…
L’idée de ce recueil de contes bretons et marins est intéressante, d’autant qu’il est accompagné de notes expliquant l’origine de chaque conte. Je ne connaissais que peu de ces histoires, et ce livre m’a permis d’en connaître bien d’autres. Mais son intérêt s’arrête hélas là. Les notes sont en fait sans grand intérêt, et le style m’a fait pensé à une bonne rédaction de niveau 3ème, avec ses confusions dans le temps des verbes (qui passent allègrement du passé au présent) et ses expressions parlées qui surgissent sans crier gare au milieu dún style plus soutenu. Tout cela a gâché ma lecture et je n’ai pu profiter de ces contes comme je l’aurais voulu ; il a d’ailleurs fallu que je m’accroche pour finir cette lecture.
Une lecture manquée, donc, et malgré des sujets qui m’intéressent parfois, je ne crois pas que je rouvrirai de si tôt un livre d’Irène Frain.

31raton-liseur
Redigerat: jun 13, 2013, 5:02 pm

27. L’Ombre - Sylvia Plath, lu par Sabine Haudepin
J’avais entendu parler de Sylvia Plath, certes. Ou devrais-je dire plus exactement, de ses amours tragiques et de sa mort douloureuse.
Je ne sais pas en quoi cette nouvelle est représentative de on œuvre, j’aurais tendance à dire que non, probablement. En effet, il n’y a rien qui cadre avec l’image que je m’étais plus ou moins faite du personnage, sinon peut-être un fatalisme sans fonds.
L’Ombre est l’histoire d’une petite fille de sept ans qui découvre que la vie n’est pas aussi rose que dans les livres illustrés. Pourtant, petit garçon manqué avec qui je pourrais m’identifier facilement, elle est attirée par les films de guerre et les héros de bande-dessinée, mais c’est aux Etats-Unis en ces débuts de seconde guerre mondiale qu’elle devra faire l’amer apprentissage que ce ne sont pas toujours les bons qui gagnent, et que peut-être le monde n’est pas aussi beau et simple que sa mère aurait voulu lui faire croire.
La nouvelle ne se distingue pas par son propos, mais peut-être surtout par la façon somme toute assez originale dont il est amené, avec la narration d’une petite fille que l’on suit dans sa compréhension du monde. On sait les désillusions qu’elle aura, puisque nous adultes sommes déjà passés par là, et c’est d’autant plus poignant de la voir tomber dans des écueils où on la voit se précipiter tête la première mais que notre position de lecteur impuissant ne nous permet pas de lui montrer. Il en reste cette impression d’inéluctable, de fatalité sans espoir qui fait que l’on sort de cette nouvelle avec une boule au fond de la gorge. Une lecture qui s’accorde bien avec la pluie tiède qui tombait ce soir sur la ville.

Addendum : Après avoir écrit cette note dans la foulée de ma lecture, je m’aperçois maintenant, après avoir lu quelques éléments de la biographie de Sylvia Plath que cette nouvelle est très probablement hautement autobiographique, même si la petite fille s’appelle Zadie. En effet, Sylvia Plath avait le même âge que son héroïne au début de la guerre, et a dû ressentir le même rejet qu’elle, pour les mêmes raisons. La dernière phrase de la nouvelle fait d’ailleurs directement écho à ce qu’elle aurait dit à la mort de son père : « Je ne parlerai plus jamais à Dieu ».
Cette nouvelle n’est peut-être donc pas représentative (autant que je peux en juger pour avoir lu cette seule œuvre d’elle) de Sylvia Plath, en ce qu’elle ne reflète pas sa bipolarité, sa dépression ou la femme écrasée par la société des hommes que l’on en a fait, mais elle est très probablement hautement personnelle, ce qui rend cette petite peste vive de Zadie encore plus attachante et la nouvelle encore plus amère.

32raton-liseur
jun 13, 2013, 5:01 pm

28. La Récolte - Flannery O’Connor, lu par Elodie Huber
Une nouvelle pleine d’ironie sur les vanités rêveuses d’une demoiselle d’un certain âge qui se voudrait écrivain, dans un aller et retour amer entre la réalité et la fiction.
Une lecture agréable, au goût doux-amer, qui nous renvoie à la médiocrité de nos propres vies sans relief. Y a-t-il vraiment du romantisme dans les vies simples et dures que certains auteurs se plaisent à exalter ?

33Louve_de_mer
jun 14, 2013, 5:29 am

Sans doute du romantisme dans la façon dont elles sont décrites, pas dans la façon dont elles sont vécues.

34raton-liseur
jun 17, 2013, 12:01 pm

# 33 - Lapidaire, mais probablement assez juste...

35raton-liseur
Redigerat: jun 17, 2013, 12:46 pm

29. Le Horla - Guy de Maupassant, lu par Michael Lonsdale
J’avais lu cette nouvelle au lycée et je n’avais pas du tout apprécié. Je m’y replonge aujourd´hui, et le sentiment demeure le même… Je ne veux pas nier le talent de Guy de Maupassant, que j’ai moi-même apprécié dans d’autres œuvres mais je ne le retrouve pas ici et, surtout, je suis restée tout à fait hermétique à cette nouvelle.
Je ne sais pourquoi, la folie est un sujet littéraire qui me laisse tout à fait froide, indifférente. Peut-être parce que rien dans mon vécu ne me permet de me sentir liée à un tel sujet, ou peut-être parce que je suis trop cartésienne pour pouvoir ne serait-ce qu’envisager ce que peut être une paranoïa ou un dédoublement de personnalité.
Je me sens de trop à la lecture de cette nouvelle, construite comme un journal intime qui ne m’est en rien destiné, et je préfère laisser à des lecteurs plus sensibles à ces sujets que moi la tâche de faire l’éloge d’une nouvelle qui est probablement de belle facture pour qui saura l’apprécier.

36raton-liseur
jun 17, 2013, 3:15 pm

Me voilà bien avancée dans ce défi de lecture, bien plus que l’objectif que je m’étais fixé, puisque j’ai engrangé un total de 29 notes de lecture pour un objectif de 12, et ce en six mois au lieu de douze !
J’ai cependant décidé de changer les règles en cours de route. D’abord, j’ai décidé de briguer le titre de « maxi-lectrice », dont l’objectif est de 24 nouvelles et novellas, pour avoir un objectif plus en rapport avec mon rythme de lecture du moment. Ensuite, et cela expliquera pourquoi je continue après avoir aussi dépassé ce nombre de 24, j’ai décidé que je considèrerai ce défi comme relevé lorsque j’aurai lu (ou plutôt écouté) 24 nouvelles audio, et dans ce registre, j’en suis à 21 notes de lecture, donc il me reste encore un petit effort à faire !
C’est en effet grâce à cette nouvelle pratique de l’écoute de livres (pour l’instant uniquement des nouvelles, rarement plus d’une heure d’écoute) que j’ai pu avancer si vite dans ce défi. Et c’est aussi en partie grâce à ce défi que je me suis lancée de façon résolue dans cette activité, que je n’avais jamais considéré avant. Il se trouve en effet que le début de ce défi a coïncidé avec des voyages fréquents et assez longs. Voulant mettre à profit ce temps passé dans les transports, mais ne pouvant lire sous peine d’être malade et voulant continuer à profiter du paysage, m’est venue l’idée d’expérimenter les livres audio.
Et je peux dire que cela a été une réussite. Je craignais que mon attention ne soit pas assez soutenue, mais avec des écouteurs sur les oreilles, j’écoute le texte avec une attention presque aussi soutenue que celle j’ai quand je lis (c’est plus difficile sur les baffles en faisant la vaisselle ou en étendant le linge, j’ai d’ailleurs renoncé pour l’instant…).
Je ne pensais pas que je m’éloignerai du bon vieux livre traditionnel, mais finalement, je m’aperçois que les nouvelles formes d’accès au livre peuvent être de bons compagnons dans des situations particulières : j’aime toujours pardessus tout les livres papiers, mais je suis bien contente d’avoir investi dans une liseuse électronique qui me permet de ne plus être en manque de livres quand je voyage, et je suis contente de m’être mise aux livres audio qui peuplent mes déplacements. Et, cela me permet de découvrir des œuvres nouvelles, ce qui n’est pas pour me déplaire !

37raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:16 pm

Je profite donc de cet espace et de cette pause dans mes notes de lecture pour donner des liens vers les podcats ou les enregistrements que j’écoute. C’est de la publicité tout à fait gratuite, que je me permets de faire car elle pourrait intéresser d’autres lecteurs tentés par l’aventure. Pour l’instant je n’ai en effet utilisé que des téléchargements gratuits (et légaux !), ce qui peut permettre de tester le processus avant éventuellement d’acheter des fichiers auprès des éditeurs de livre audio.
J’ai pour ma part commencé avec des émissions de radio. La plupart ne sont en téléchargement libre que pendant une durée limitée, mais sont encore disponibles pour être écoutées en ligne pour ceux qui ont une bonne connexion internet. J’ai trouvé Un cœur simple de Flaubert et Le Horla de Maupassant dans la version de l’été 2102 de l’émission Littérature sans frontières sur RFI en 2012, mais je crains que l’émission ne soit pas renouvelée puisqu’elle a disparu de la grille annuelle. Tous les autres podcasts viennent de France Culture :
- Un été de lectures, qui existe depuis quelques années dans la grille estivale de la chaîne, et qui j’espère sera reconduite cette année. Le choix des textes est varié, l’interprétation est de qualité, et cette émission permet parfois d’accéder en toute légalité à des œuvres récentes pas forcément libres de droit.
- Le Feuilleton est une émission quotidienne de France Culture (du lundi au vendredi, de 20h30 à 21h00), qui met en scène un livre. Ce n’est pas un livre audio à proprement parlé, mais en général d’une adaptation radiophonique de l’œuvre. Je ne suis pas toujours séduite par la mise en scène, et me suis pour l’instant contentée des nouvelles qui y passent de temps à autres (comme Claude Gueux par exemple), car pour les œuvres plus longues il est impossible de savoir dans quelle mesure le texte original est tronqué ou adapté.
- Lecture du soir est une courte émission d’environ 5 minutes, qui passe aussi quotidiennement (du lundi au vendredi, à partir de 19h55). Là il s’agit d’une véritable lecture, mais un peu hachée, et il vaut mieux avoir la télécommande en main pour passer sur le « générique » du début et de la fin pour ne pas être trop coupé dans la lecture. Je n’ai pour l’instant écouté que Le Manteau (The Overcoat) de Gogol dans ce format.

Le processus m’ayant séduit, et du fait des limitations des podcasts disponibles régulièrement (j’ai épuisé depuis longtemps ceux que j’ai pu télécharger d’Un été de lectures), j’ai donc diversifié mes sources, en devenant une fidèle du site litteratureaudio, de l’association Des Livres à Lire et à Entendre qui propose des livres libres de droit en écoute libre. La qualité n’est peut-être pas aussi bonne qu’avec des professionnels mais est bien plus qu’acceptable et permet de découvrir de nouveaux auteurs (nouveaux dans le sens de la découverte, souvent anciens puisque libres de droit), et je me suis bien amusée à écouter des textes divers et inconnus pour moi, avec des fortunes diverses comme on peut le lire dans mes notes de lecture.

J’espère que ce petit récapitulatif pourra servir à d’autres qui pourraient avoir envie de franchir le pas, ou tout du moins d’essayer.
Si cela intéresse plusieurs personnes, je pourrai créer un nouveau fil de discussion dans le groupe en français par exemple, afin que nous puissions recenser et échanger nos pistes pour l’écoute de livres audio !

38raton-liseur
Redigerat: jun 25, 2013, 3:18 pm

30. Le Diable en Bretagne - Emile Bergerat, lu par René Depasse
On m’a affirmé qu’en Normandie le Malin est beaucoup moins bête, et cela tient probablement à ce que les Normands n’ont ni pèlerinages ni pardons, et sont donc moins protégés que les Celtes. Toujours est-il que Jean Kerlot en faisait voir au « nôtre » de toutes les couleurs de la mer, et Dieu sait si elle en change !
Je serais prête à parier que Jean Kerlot est Léonard ! Ne sont-ce pas en effet, si l’on en croit les dictons, les plus avares des Bretons ? Jean Kerlot est un chulot, un paysan cossu, qui n’hésite pas à inviter le diable à boire un coup d’cidre et à pactiser pour mieux le rouler dans la farine.
Les deux histoires qui forment cette nouvelle issue du recueil des Contes de Caliban sont savoureuses, et seraient dignes de figurer dans le répertoire d’un des quelques conteurs bretons qui officient toujours. Pourtant, la lecture commençait sur le ton condescendant et grandiloquent d’un certain genre de poète du XIXème siècle, de celui qui aime la rusticité préservée des sauvages français, mais seulement si elle est observée depuis sa tour d’ivoire parisienne…
Puis le récit se fait simple dans la facture, laissant le lecteur sourire aux roueries agricoles et meunières de notre Jean Kerlot, qui fait honneur au paysan breton qui ne voit pas la contradiction entre être « parfait chrétien » et partager une bolée avec le Malin !
Alors bien sûr, Emile Bergerat dit que le Diable devient bête dès qu’il est en Bretagne, même plus bête qu’en Normandie, mais lisons entre les lignes, c’est que le Breton s’y entend mieux à rouler le diable, surtout quand il s’agit pour un Léonard de s’enrichir !

39raton-liseur
jun 25, 2013, 4:28 pm

31. Eblouissement - Truman Capote, lu par Claude Aufaure
Cette nouvelle de Truman Capote est issue du recueil Musique pour caméléons, dont on a retenu principalement Cercueils sur mesure, la dernière publication de son vivant si l’on excepte la nouvelle publiée seule Un Noël. Bien que j’aborde ici un auteur nouveau pour moi (et qui ne m’attirait pas forcément), la nouvelle, histoire d’une adolescence et d’une fascination qui se rejoignent dans de troubles chimères, m’a tenue en haleine, et bien qu’elle ne soit pas parmi les écrits les plus reconnus de Capote, j’ai pu comprendre immédiatement pourquoi son style était tant loué.
Le fond en lui-même ne m’a pas paru d’un grand intérêt, car Capote n’a guère le temps d’approfondir le sujet réel de la nouvelle, caché derrière une histoire banale de vol, celui de la recherche de son identité sexuelle par un adolescent dans la société sclérosée du Sud puritain des Etats-Unis. Mais l’atmosphère que Truman Capote réussit à créer dans ces quelques lignes est tout simplement captivante, j’ai été suspendue, le cœur presque battant (alors qu’il y avait finalement bien peu de suspens dans cette histoire !) aux mots qui s’égrainaient, et me voilà maintenant sous le charme de ce nouvel écrivain.
Il ne se passera pas beaucoup de passages en librairie avant que je me laisse tenter par l’achat d’un de ses livres. Œuvre romanesque ou son célèbre De sang froid ? C’est ce qu’il reste à déterminer !

40raton-liseur
jun 25, 2013, 6:54 pm

32. Pour Milo, suivi de La Maison close - Marcel Schwob, lu par Bernard Bouillon et Marc-Henri Boisse
Deux nouvelles très différentes dans leur thème, mais très classiques chacune à leur manière.
La première, Pour Milo, est l’histoire d’un petit commerçant qui laisse un témoignage à son fils Milo de son acte de bravoure qui justifie qu’il n’ait pas à rougir d’être un bourgeois et de vivre confortablement. Gentillet et sans surprise.
La Maison close a un titre trompeur puisqu’il s’agit d’une maison close au sens littéral, fermée, et non d’un lieu de débauche. Une nouvelle dans la veine des histoires fantastiques du XIXème siècle, là aussi sans surprise.
Il n’y a pas grand chose à ajouter, c’est une lecture qui, avec son style et sa facture classiques, coule toute seule, mais comme sur un tissu imperméable, elle ne laissera pas de trace.

41raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:19 pm

33. L’Ankou et le forgeron - Anatole Le Braz, lu par Cécile Belluard
Ou l’on apprend comment identifier l’Ankou et ce que peut coûter l’assiduité au travail. Une légende dans la pure veine de la Légende de la Mort, vite lue certes, mais qui met immédiatement le lecteur en situation et qui est digne d’une veillée au coin du feu où l’on voudrait donner des frissons à son auditoire !

42raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:22 pm

34. La Noël de Marthe, suivi de L'Aventure du pilote - Anatole Le Braz, lu par René Depasse
Deux contes de Noël issus de l’œuvre d’Analtole Le Braz, n’ayant en commun que la nuit pendant laquelle le drame se noue.
Le premier, surtout mystique et très catholique, n’est pas du tout à mon goût et n’est certainement pas ce que j’appellerais un conte de Noël, ces contes qui exaltent les vertus simples et qui finissent toujours pour le mieux, à moins peut-être d’avoir une âme de martyre…
Le second, extrait des Contes du soleil et de la brume est bien plus dans la veine des légendes locales auxquelles est en général associé le nom d’Anatole Le Braz. Il est d’ailleurs présenté comme la narration par le participant à une veillée d’une aventure arrivée à celui-là même qui la conte, et l’on est tout de suite dans l’ambiance des marins burinés qui parlent de façon bourrue même quand ils sont au coin d’un feu d’hiver.

Si j’ai très nettement préféré la seconde nouvelle, je trouve que le rapprochement de ces deux textes est très intéressant et il m’a fait prendre conscience des talents d’écrivain de Le Braz. Ce n’est pas juste un écrivain régionaliste qui reste dans les annales parce qu’il aurait inventé le folklore à lui tout seul. C’est aussi une plume des plus habiles, dans ce genre qu’est le court récit. Selon le sujet, il peut créer, en quelques phrases, des ambiances tout à fait différentes, transporter son lecteur d’une maison cossue à une barcasse dans la brume, par une mise en scène et un style très maîtrisés.

Les sommes qu’Anatole Le Braz nous a léguées m’ont toujours un peu intimidée, et je n’ai jamais osé lire un de ses livres, et certainement pas l’imposant Légende de la Mort. Au fil de mes incursions presque clandestines dans l’œuvre d’Anatole Le Braz (une nouvelle par ci, une seconde par là…), je m’aperçois que c’est un auteur qui mérite une plus grande attention de ma part, et pas seulement par esprit régionaliste. Peut-être vais-je finir par me lancer alors…
Une jolie découverte que ces deux contes, donc, et une envie de continuer dans ce sillage…

43raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:25 pm

35. Triphyna, légende bretonne - Emile Souvestre, lu par René Depasse
Emile Souvestre est un auteur du XIXème siècle, prolifique et touche à tout. Je le découvre aujourd´hui par sa narration d’une légende bretonne, qu’il dit connue et souvent racontée par les discrevellerrs, les conteurs bretons. Je ne connaissais pour ma part ni cette histoire ni même la sainte qui en est la malheureuse héroïne. Tous les ingrédients sont là, la jeune fille pure et belle, la prophétie, le crime et le miracle, et même cette figure très bretonne du saint conseillant un roitelet local, ici Saint Veltas, que je connais mieux sous le nom de Gweltaz ou Gildas dans sa forme francisée.
On pourrait parler de style efficace pour cette nouvelle, car Souvestre ne s’embarrasse d’aucun effet de manche et va droit au but. Je dirais même que l’écrivain s’efface totalement devant son sujet, et l’auditeur de la veillée peut lui-même créer ses propres images et broder autour de cette trame au gré de son imagination.
Une nouvelle amusante, qui m’a appris le nom imprononçable d’une nouvelle sainte, et qui me fait réaliser que Le Braz et La Villemarqué étaient loin d’être les seuls à avoir participé à la conservation du patrimoine oral breton aux premiers jours de la révolution industrielle et de l’estompement des spécificités régionales.

44raton-liseur
Redigerat: jun 28, 2013, 12:28 pm

36. La Dénonciation - Ernest Hemingway, lu par Jean-Pierre Kalfon
Je dois avouer que les textes d’Hemingway m’ont toujours déçu après l’avoir découvert dans l’éblouissant Pour qui sonne le glas. C’est donc avec peu d’enthousiasme que j’ai commencé cette nouvelle.
La Dénonciation fait partie de quatre nouvelles sur la Guerre Civile espagnole publiée après la mort d’Hemingway. Elle décrit avant tout l’atmosphère qui pouvait planer sur Madrid au temps de la Guerre Civile, avec ses restrictions, ses bars encore vivants tels une image d’Epinal des ambiances bon enfant des révolutions qui, parce qu’elles n’ont pas réussi, continuent d’alimenter l’imaginaire et sont restées entourées d’une auréole de vaine gloire. Mais elle décrit aussi le cas de conscience d’être déchiré entre une loyauté à un homme, un ami et une loyauté à une cause, des idées, et comment, dans une guerre, il faut savoir prendre parti e réfléchir seulement après.
Même si je ne saurais exactement quelle morale Hemingway voudrait que l’on tire de cette nouvelle, j’en ai aimé l’atmosphère, et cette tension seulement évoquée mais très bien rendue. Pleine d’un fatalisme et d’une nostalgie qui se communiquent au lecteur dès le premier paragraphe, et qui ne le quittent plus, pas même après la dernière ligne.

Si je ne peux dire que ce texte suffira à me faire revoir mon avis sur Hemingway, je me dis que peut-être il faudra que je me penche à nouveau sur ses écrits, peut-être pas les plus connus, et peut-être plutôt ceux inspirés de la Guerre Civile espagnole, puisque c’est là que je semble l’apprécier.

45raton-liseur
Redigerat: jul 2, 2013, 10:38 am

Me voici rendue au bout de ce défi de lecture, le second que j’ai entamé et le premier que je finis… J’ai même encore une fois fait un peu de zèle, avec un total de 28 nouvelles audio, car je ne voulais pas finir sur la note un peu en demi-teinte de ma 24ème nouvelle.
Je finis avec quelques mois d’avance sur le temps initial prévu, ce ne fut donc pas un défi très contraignant (mais ce n’était pas le but en m’y inscrivant), et il a parfaitement rempli son objectif en me poussant vers un agréable mélange de classiques et de nouveautés (à l’aune de mon horizon littéraire), et ce avec des bonheurs divers, mais ce sont là les règles du jeu de la découverte ! Et il a fait plus puisqu’il m’a encouragé à expérimenter un nouveau style de « lecture » !

Je suis contente d’être arrivée au bout de cette aventure, et je referme la page de cette liste de lecture contente d’avoir tenté cette expérience, en espérant continuer à lire et à écouter des formats courts, qui sont un bon ersatz (et plus que cela !) pour une droguée aux livres qui n’arrive plus à avoir sa dose quotidien de pages…
Pour plus de clarté dans le suivi de mes lectures, je vais d’ailleurs scinder mon fil de lecture entre les livres que je lis et ceux que j’écoute. Je continue donc, hors défi, à recenser mes lectures audio ici.

Gå med om du vill kunna skriva ett inlägg