Giovanni Francesco Pico della Mirandola (1470–1533)

> « Dans ce monde-ci, nous pouvons voir un très grand ordre ; nous pouvons voir que toute chose est liée à une autre chose, et, qu’ensemble, ces choses concourent amicalement à la constitution d’un tout. Cet ordre, cette série de causes et d’effets, sont appelés “destin” par les philosophes. Or comme les choses de ce monde-ci sont à l’image des Idées du monde intelligible, elles dépendent d’elles et leur sont soumises. Il s’ensuit que l’ordre des choses du monde sensible dépend de l’ordre des Idées du monde intelligible, qui est appelé “providence”, de la même manière que l’autre est appelé “destin”…
Cette providence, ou cet ordre, dépend de Dieu Lui-même, puisque ultime fin de cet ordre ; et la loi de la providence, qui ordonne les choses vers leur fin, leur donne cette seule direction : atteindre le Bien ultime et infini…
A partir de là, on peut comprendre qu’au Destin ne soit soumises que les choses temporelles, c’est-à-dire les choses corporelles. Or l’âme est incorporelle ; donc elle n’est pas soumise au Destin, mais bel et bien à la providence qu’elle sert. Servir la providence témoigne d’une vraie liberté, parce que si notre volonté obéit à la loi de la providence, elle est, par elle, très sagement guidée vers l’exécution de la fin qu’elle désire ; tandis que chaque fois quelle veut se libérer de cette servitude, elle devient, de libre qu’elle était, véritablement esclave ; et elle devient l’esclave du Destin dont, à l’origine, elle était le maître... »
—Pic de la Mirandole, Commentaire sur une chanson d'amour de Jérôme Benivieni, 1486.… (mer)